C'est l'effet papillon
Mareike avait instauré un système de roulement concernant les poubelles : chaque collocataire s'était inscrit sur une liste, s'engageant à sortir les poubelle durant une semaine complète, et ce, une fois par mois (avant mom arrivée, elles n'étaient que 4 dans l'appart).
Forcément, pour que ce système fonctionne, il faut que chacun soit sérieux. Mais faut être réaliste, après 4 mois passés en Irlande, on sait que les irlandais sont peu sérieux. Surtout quand il y a des Erasmus pour faire le ménage à leur place...
Quand je suis arrivée, j'ai pris la semaine d'une des collocs, car j'en avais marre de voir les sacs trainer dans la cuisine. Après tout, il était normal que je participe aussi.
Et puis y a des jours comme ça, où on en a plus que marre, parce que ça fait plusieurs jours qu'on est réveillée en sursaut par une put** de porte qui claque avant 8h30, qu'on en a marre de devoir dormir avec des boules Quiès parce que les collocs ne connaissent pas la discrétion (ou même tout simplement le respect ?). Et surtout, on en a marre de voir que les sacs poubelles semblent se reproduire dans la cuisine, sans que ça dérange personne (enfin à part Mareike et moi-même).
Donc hier, sur un coup de tête, j'ai pris une feuille de papier sur laquelle j'ai écrit :
"merci de sortir les poubelles.
SVP, arrêtez de claquer les portes.
Merci"
La réaction ne s'est pas (trop) fait attendre : moins d'une heure après les poubelles étaient sorties, et mon mot était remplacé par un autre :
"est-ce que la personne qui n'arrête pas de laisser des mots impolis et sarcastiques pourrait arrêter.
Il n'y a aucune raison de laisser des mots.
Merci"
D'un, c'était la première fois que je laissais un mot. Et de deux, je n'ai pas été impolie, et encore moins sarcastique. Et je n'aurais pas eu besoin de mettre un mot si les poubelles avaient été sorties au fur et à mesure.
Pour nous "venger", on a décidé avec Mareike de leur faire remarquer que nous aussi on pouvait être insupportable : on a mis la musique à fond !
Puis on a décidé de se changer les idées et d'aller boire un verre. On est donc allées au pub, où nous avons croisé un groupe d'italiens qui nous ont rejoint. Nous connaissions l'une des filles, donc on leur a proposé de se joindre à nous. Ce fut une très bonne idée : nous avons beaucoup rigolé.
Mareike ayant un exament le lendemain, nous ne sommes pas rentrées trop tard : 23h.
N'ayant plus d'eau, je me suis rendue dans la cuisine. Et là, le choc : la cuisine était propre ! Un vrai miracle. La vaisselle était faite (cela faisait quelques jours que certaines assiettes n'avaient pas été lavées), le plan de travail nettoyé... et le plus surprenant : la table était nettoyée. Et ça, c'est quelque chose que les irlandaises n'avaient jamais fait. J'en sais quelque chose, puisque j'étais obligée de laver la table à chaque fois que je voulais manger dans la cuisine, c'est-à-dire tous les jours.
C'est ça l'effet papillon ?